Le 20 août 1939, Paul a tout juste 18 ans lorsqu'il décide de s'engager volontairement dans l'armée. Il ne le sait peut-être pas mais des événements qui vont bouleverser le monde sont sur le point de commencer.
La Seconde Guerre mondiale, qui coûta la vie de plus de 40 millions de personnes, a duré six ans, du 1er septembre 1939, date de l'agression allemande contre la Pologne, au 2 septembre 1945, jour où le Japon capitula. Circonscrite à l'origine à l'Europe, elle devient véritablement mondiale avec l'entrée dans la guerre, en 1941, de l'URSS, du Japon et des États-Unis.
Le nombre des belligérants, la nature et la puissance des moyens mis en œuvre, le caractère idéologique du conflit donneront plus d'ampleur encore à cet affrontement qu'à celui de 1914-1918. On y distinguera deux immenses théâtres d'opérations. Le premier, auquel participera Paul, est centré sur l'Europe et va de l'Atlantique à la Volga et de l'océan Arctique à l'Afrique équatoriale. Le second, axé sur le Japon, englobe le Pacifique, l'Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique. En dehors de quelques États d'Amérique latine et de quelques îlots européens (Espagne, Portugal, Suède, Suisse), toutes les nations du monde et leurs dépendances entreront peu à peu dans la guerre.
Entrée en guerre: après avoir chassé le spectre de toute menace à l'Est avec le pacte germano-soviétique, Hitler a désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août 1939 (soit 9 jours après que Paul se soit engagé), il lance à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l'aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchit sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne peut ignorer qu'il va se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne. Aussi, après l'échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne et la France déclarent le 3 septembre 1939 la guerre à l'Allemagne.
Ce jours là, Paul est encore au sein du 21ème Bataillon d'instruction du 18ème Régiment d'Infanterie basé à Pau (caserne Bernadotte). c'est le 5 novembre 1939 qu'il monte aux armées rejoindre le 18ème RI dans la région de Sierck en Allemagne après l’offensive de la Sarre.
L'offensive de la Sarre: est une opération limitée de l'armée française sur le territoire du Troisième Reich, en septembre 1939, alors que les Allemands sont concentrés sur la campagne de Pologne. C'est la première opération militaire française de la Seconde Guerre mondiale. Une semaine après le début de la Seconde Guerre mondiale, le 7 septembre 1939, l'État-Major français lance l'opération Sarre dont Gamelin est le commandant en chef. Les troisième, quatrième et cinquième armées constituant le 2e groupe d'armées sous le commandement du général Prételat avancent vers l'Allemagne, dont les troupes sont mobilisées en Pologne. C'est le 9 septembre que les divisions d'infanterie et mécanisées entrent en Allemagne, dans la Sarre. À leur grand étonnement, l'Allemagne ne montre aucune résistance face à l'envahisseur français. En traversant les villages allemands, les Français ne rencontrent aucune résistance frontale, mais certains secteurs sont minés par les Allemands, ce qui occasionne des pertes. Les troupes françaises sont parfois retardées durant deux jours. La lente offensive française atteignit son sommet le 12 septembre avec une pénétration de 8 kilomètres en Allemagne. Dans un village, une seule mitrailleuse allemande contint l'avance française pendant plus d'un jour. Le 21 septembre, Maurice Gamelin donne l'ordre de retraite en direction de la Ligne Maginot, certains généraux comme Giraud ne sont pas d'accord voyant une occasion incroyable pour les forces françaises dans la Sarre. Le 17 octobre, les dernières forces françaises de couverture quittent le territoire allemand. Le général allemand Siegfried Westphal a lui-même reconnu que la situation à l'Ouest était dangereuse et risquée et a estimé que les Français auraient pu atteindre le Rhin coté bassin de la Ruhr en deux semaines. Cette offensive ratée annonce le début de la drôle de guerre.
La drôle de guerre: (en anglais "phoney war", fausse guerre ; en allemand "Sitzkrieg", guerre assise) est la période de la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre européen entre la déclaration de guerre par la France et le Royaume-Uni (les Alliés) à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939 et l’invasion par cette dernière de la France, de la Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas le 10 mai 1940. Elle reçut ce surnom du journaliste Roland Dorgelès reprenant une expression utilisée dans un reportage sur les armées alliées qui attendaient l’offensive dans leurs retranchements et notamment la ligne Maginot en trompant l’ennui. Les communiqués des armées ne faisaient état d’aucune activité notoire, tout au plus quelques escarmouches. Au cours de cette période, Paul est muté le 28 décembre 1939 au 49ème Régiment d'Infanterie où il intègre la 1ère section de la 5ème compagnie, toujours dans le secteur de la Sarre où il occupera la fonction de Caporal adjoint.
La bataille de France: Le nom de bataille de France désigne l'invasion allemande des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg et de la France. L'offensive débute le 10 mai 1940, mettant fin à la « drôle de guerre », après la percée allemande de Sedan et une succession de reculs des armées britannique, française et belge, ponctuées par les batailles de la Dyle, de Gembloux, de Hannut, de la Lys et de Dunkerque, elle se termine le 22 juin par la défaite des forces armées françaises et la signature de l'armistice par le gouvernement Pétain. Le 49ème Régiment d'Infanterie est encerclé par les troupes Allemande (cercle jaune sur la carte) et ne rend les armes que le jours de l'armistice. Paul et ses camarades sont tous fait prisonniers et commencent une longue marche vers les trains qui les conduiront vers les camps de prisonniers de guerre, loin de leur Pays.
Voici les notes de son lieutenant sur les états de services de Paul, qui témoigne de son engagement lors de la bataille de France.
« Jeune engagé volontaire d’un courage et d’un sang-froid remarquable, très robuste, très discipliné, intelligent. Faisant fonction de caporal adjoint depuis avril 1940, proposé caporal en mai 1940. S’est imposé malgré sa jeunesse à ses camarades par son cran, son allant et son esprit d’initiative.
S’est très bien comporté aux avents-postes. S’est battu magnifiquement durant toutes la campagne MAI-JUIN 1940. A toutes les qualités requises pour faire, après stage d’instruction, un excellent sous-officier. »
Le 22 juin 1940, l'armistice est signé, Paul et son Régiment rendent les armes et rejoignent les colonnes de prisonniers (lors de la bataille de France, les Allemands font plus de 2 millions de prisonniers). Ils vont êtres séparés de leurs frères d'armes et dirigés vers des camps appelé STALAG (pour les hommes du rang et sous-officiers) et OFLAG (pour les officiers). Pour chaque prisonnier, les autorités militaires Allemandes vont renseigner une fiche (kartei-karte ci-dessous) où Paul se verra affecté le n° de matricule 82138 qui le suivra tout au long de sa captivité . On y trouve aussi le n° du stalag II B vers lequel il sera dirigé ainsi que des informations personnelles ( nom, date de naissance, unité, grade, ...)
conformément au accord de Genève, Cette fiche va être communiqué aux autorités française qui vont pouvoir compléter les listes officielles de prisonniers français afin que les familles puisse savoir où ils sont internés, on peut voir dans l'encadré en bas de la fiche le n°46 de la liste et la date de parturition et juste au dessus l'adresse d'une personne proche à contacter.
Sur cette liste on trouve par ordre alphabétique le nom du prisonnier recherché, ici pour Paul on peut voir que le lieu de naissance est mal orthographié et que le grade est erroné. en revanche les familles peuvent savoir le lieu précis ou ils sont retenus prisonniers. Pour mon grand-oncle ce sera le stalag II B.
Le Stalag II-B est un camp de prisonniers de guerre de la Seconde Guerre mondiale, situé à 2,4 km à l'est du village d'Hammerstein dans la province de Poméranie aujourd'hui Czarne, voïvodie de Poméranie en Pologne. Il est parfois désigné sous l'appellation de Stalag II-B Hammerstein. Le camp est situé au nord d'une voie de chemin de fer, sur un ancien terrain d'entraînement de l'armée (« Übungsplatz »), qui avait déjà servi de camp de prisonniers de guerre pour les soldats russes lors de la Première Guerre mondiale. En 1933, il devient l'un des premiers camps de concentration nazis, accueillant tout d'abord les communistes allemands. Fin septembre 1939, le camp change de destination, accueillant désormais les prisonniers de guerre polonais, capturés lors de la campagne de Pologne, en particulier les captifs de l'armée Pomorze. En décembre 1939, on y compte 1 691 prisonniers polonais. D'abord hébergés dans des tentes pendant le terrible hiver 1939-1940, la construction des baraquements ne sera achevée qu'en 1941. En juin 1940, le camp accueille les prisonniers français et belges, capturés lors de la bataille de France. Afin de laisser de la place pour ceux-ci, de nombreux Polonais sont contraints de devenir des travailleurs forcés non militaires, ceci afin qu'ils ne bénéficient plus du statut de prisonniers de guerre.
Le site du stalag II B existe toujours et quelques baraquements ont été préservé.
Le camp s'étend sur 10 ha, ceint de l'habituelle double clôture de barbelés. D'autres clôtures subdivisent l'installation en sous-camps. 10 000 Soviétiques étaient détenus dans le camp de l'Est, tandis que, de l'autre côté de la voie de chemin de fer, le camp du Nord accueille les autres nationalités : 16000 Français, 1600 Serbes, 900 Belges, et les Américains, répartis par nationalité. Dans la zone des Américains, il y avait un terrain de sport, des ateliers, une infirmerie, des douches, et un site pour s'épouiller. Par moment, plus de 600 hommes étaient cantonnés par groupe de trois baraques de plain-pied, faisant chacune 14 m de large sur 55 m de long. Malgré cette forte promiscuité, les conditions contrastaient fortement avec le camp des Soviétiques, où plus de 1 000 prisonniers devaient se partager cet espace. Chaque baraquement était coupé en deux, avec au milieu des sanitaires avec 20 robinets. De l'eau potable était disponible à toute heure, sauf lors des deux derniers mois où elle était coupée une partie de la journée. Les châlits à trois niveaux disposaient de matelas en laine de bois, et chaque homme disposait d'une couverture fournie par les Allemands (plus deux fournies par la Croix-Rouge). À l'avant et à l'arrière des baraques se trouvait un urinoir, utilisable uniquement la nuit. L'espace avant était chauffé au moyen de trois poêles, l'espace arrière par deux poêles ; mais les rations de combustibles étaient toujours insuffisantes pour permettre ce chauffage. En décembre 1944, cette ration tombe à son plus bas, à 12 kg de charbon par poêle et par jour. Aux beaux jours, les Allemands retenaient une partie de la ration de combustible.
Les prisonniers de guerre détenus dans le camp, n'avaient d'autre tâche à accomplir que les corvées d'entretien de leurs baraquements et des installations du Stalag. Tous les hommes en état de travailler étaient envoyés dans les Kommandos, c'est le cas de Paul noté "bien portant" sur sa fiche de renseignements. Par exemple, une section de 29 Américains, escortés vers une grande ferme à 6 km de Stolp, où 12 Français travaillaient déjà, non gardés. Logés dans une grange au sol de briques, ils voisinent les cochons, le bétail et la réserve de grains. Les prisonniers de guerre dormaient dans des châlits gigognes, sous deux couvertures. Les Français avaient leur propre petite bâtisse. Les gardiens dormaient, eux, dans une petite pièce attenante, ouvrant dans la pièce des Américains.
Les hommes se levaient tous les jours à 6 h, déjeunaient de rations fournies par la Croix-Rouge et de soupe de pomme de terre, de pain et d'eau chaude (pour le café) provenant de la cuisine de la ferme. À 6 h 30, lavage des cuillères et des bols émaillés et balayage du logis. Rasage et toilette dans trois grandes bassines remplies à un unique robinet d'eau froide. Latrines à trois places. À 7 h, transfert au champ de pommes de terre à bord de chariots hippomobiles, conduits par des « fermiers allemands froidement hostiles », prêts à tirer sur les « Kriege », comprendre « Kriegsgefängener » (prisonniers de guerre). Arrachage de pommes de terre sous bonne garde jusqu'à 11 h 30, puis retour à la ferme pour le repas de midi. Celui-ci est là encore constitué de rations de la Croix-Rouge, complétées d'une soupe de légumes allemands. Retour dans les chariots à 13 h, travail jusqu'à 16 h 30. Le repas du soir, à 17 h, encore les rations de la Croix-Rouge et les restes de soupe, de pommes de terre et de sauce des fermiers. Après le repas, repos dans un enclos de 9 m par 2,5 m jusqu'à 18 h 30, après quoi les prisonniers de guerre sont enfermés dans leur quartier.
Les dimanches, les gardiens autorisaient les prisonniers de guerre à faire la sieste ou à se promener dans le « jardin », même si la majorité du temps est passée à briquer le baraquement et à laver les vêtements. Le souper du dimanche comprend généralement un peu de ragoût de viande et de fromage. Une fois par mois, chaque prisonnier recevait un grand colis contenant quatre colis de la Croix-Rouge (en). Ces colis étaient envoyés dans les Kommandos éloignés par le rail et par les camions des unités de l'armée allemande stationnées à proximité. Les colis étaient stockés dans les locaux des gardiens jusqu'à la date de la distribution. La durée de la période de travail dans un Kommando variait, et pouvait durer indéfiniment ou jusqu'à la fin de la tâche assignée.
Monument érigé sur le site à la mémoire des prisonniers morts au stalag II B
" En mémoire des 65 000 prisonniers de guerre affamés, martyrisés et assassinés par les hitlériens dans le stalag II B Hammerstein à Czarne "
Le service des archives de CAEN, m'a communiqué cette fiche, issu des archives de "Ferdinand De Brinon". Alors ambassadeur de France auprès des nazis sous l'occupation allemande, il recense et conserve tout les fichiers concernant les réfractaires au régime.
les informations contenues sur cette fiche sont précises mais difficile à comprendre pour des non initiés: 3ans F.K 408 le 17.9.43. je tenais aussi d'une autre fiche qu'il avait été muté au stalag XXB. J'avoue que cette partie de sa vie de prisonnier restait un mystère, jusqu'au jour où, au hasard de mes recherches sur un groupe dédié aux prisonniers de guerre, une personne m’interpelle en me disant qu'il ne s'agit pas d'une condamnation par un tribunal militaire mais plutôt d'une condamnation relevant d'un tribunal civil. Puis, sans rein connaître de moi, m'invite à continuer la conversation en privé. tout ceci éveilla ma curiosité et pour que vous ressentiez un peu l'émotion que j'ai ressenti, je vous retranscrit cette conversation :
Je ne pourrais jamais assez remercier cette personne qui, sans me connaître, ni rien demander en échange, a passer une soirée à répondre à mes question. Pourquoi moi ?
c'est sûr qu'une partie du mystère n'est pas levé, je vais essayer de le résoudre, mais j'espère que si j'échoue, la génération suivante aura la curiosité, en 2063, d'aller en Allemagne chercher des réponses et qui sait trouver des cousins...
Cette personne, je l'ai recontacter pour avoir d'autre précieuses informations sur les prisons de forteresse et j'ai su enfin qui il était.
Suite au jugement du tribunal civil Allemand, Paul est condamné à trois ans de prison de forteresse. Il est déplacé du stalg IIB au stalag XXB auquel est rattaché une prison de forteresse avec plusieurs annexes. comme on peut le voir sur la fiche ci-dessous Il arrive au XXB le 13 octobre 1943 et dès lors, ses conditions de captivité vont radicalement changer, pour devenir très difficile.
Qui n’a jamais entendu parler de Graudenz, surnommée « La forteresse de la mort lente », camp de détention où plusieurs milliers de prisonniers de guerre français, anglais, belges, polonais, américains et même italiens, ont été internés entre 1941 et 1945 ? Personne ou presque.
Pourquoi ce silence ? Ces prisonniers n’étaient pas internés pour des raisons politiques ou raciales, plus simplement ils étaient soldats, prisonniers de guerre comme de nombreux autres français, mais peu nombreux. Ils n’ont donc probablement pas présenté de retombées médiatiques ou autres, intéressantes.
Pourtant, si l’on se souvient volontiers du camp de Rawa-Ruska comme un des hauts lieux du traitement inhumain des hommes durant la seconde guerre mondiale, Graudenz est très largement son équivalent.
Situé en Pologne, au bord de la Vistule, à un peu plus de 100 kilomètres au Nord de Varsovie, la forteresse de Graudenz était la cellule mère de toute une organisation de camps annexes, répartis à l’Est du territoire allemand et de ses territoires annexés.
Des prisonniers de guerre français de tous grades y ont été internés. Rebelles à la discipline des autres camps d’internement et en particulier ceux qui avaient comparu devant un tribunal militaire allemand voire un simple officier de justice, pour « actes portant atteinte à la puissance morale ou à la force matérielle de l’Allemagne en guerre ». En réalité, tout ce qui pouvait être considéré comme résistance ou attitude hostile de la part d’un prisonnier de guerre, méritait d’être sévèrement puni de prison en forteresse, selon le principe de la terreur substitué à celui de la justice.
La Convention de Genève de 1925 s’appliquant aux prisonniers de guerre n’était pas observée à Graudenz, dont le régime était à peu près identique à celui des camps de concentration, le crématoire en moins.
Les prisonniers n’ont pas le droit de lire, de parler à haute voix, de fumer, de jouer aux cartes ou à quelque jeu que ce soit, de siffler, de chanter, d’écrire, de posséder un couteau ou un crayon, de recevoir un colis individuel dont le contenu était confisqué ou les vivres de la Croix Rouge. Le courrier, quand il était distribué, était limité à une lettre par mois.
A la moindre indiscipline les coups étaient distribués généreusement. Le sommeil était volontairement fragmenté par des appels fréquents interminables.
Le travail, forcé, était fait dans des conditions extrêmement dures, pendant une journée commençant avec le réveil à 5 heures, une heure d’exercices physiques divers obligatoires, puis une marche de plusieurs kilomètres vers le lieu de travail ou Kommandos, suivie de 10 heures de travail et cela, six jours par semaine. Le Dimanche, travail le matin suivi l’après midi de rassemblements divers, nettoyages et revues, le tout sous la contrainte.
Pour supporter ce régime disciplinaire, les prisonniers recevaient une ration quotidienne limitée à 200 grammes de pain et de la soupe claire.
Combien de prisonniers français y ont été incarcérés ? On ne le sait pas exactement car les dossiers ont été détruits lors de la libération de ce camp. On avance les chiffres de 7.000 à 9.000, mais 14.000 environ semble le plus probable. Combien en sont revenus ? 3.000 à 4.000 guère plus. Ces chiffres se passent de tous commentaires et résument la brutalité de la détention dans cette forteresse. Paul en a tellement souffert, que lorsqu'il retournera, quelques années plus tard en occupation en Allemangne. Il avoue à sa sœur Françine qu'il a acheter un pistolet à Toulouse, pour ne pas avoir de problème avec son arme de service, et que si il devait croiser un de ses geôliers il n'hésiterait pas à le tuer.
Après la guerre les survivants se sont regroupés au sein de l’Union des Internés de la Prison Forteresse de Graudenz, pour éviter que le souvenir de ce qui a été soit perdu, car Graudenz, qui s’en souvient ?
Les anciens internés disparaissent peu à peu et n’existeront bientôt plus. Leurs enfants assurent maintenant la relève du souvenir. N’oublions pas, non pour aviver le ressentiment, mais pour garder en mémoire que la justice et la tolérance sont des vertus fragile.
Le 26 février 1945, les russes libèrent les prisonniers du stalag XXB et ses prisons annexes. Paul va encore souffrir de cette situation car les "libérateurs" n'ont rien à envier aux allemands. La guerre prend fin le 8 mai 1945 mais les français aux mains des russes vont servir de monnaie d'échange entre russes et américains. Au moi de juin 1945 des accords sont trouvés et les convois de retour commencent. A chaque train annoncé en gare de Toulouse avec des prisonniers venant de Russie, Mr Gund et Françine se rendaient sur les quais et attendaient de voir si Paul faisait parti du convoi. Et ce n'est que le 9 août 1945, soit 4 mois après la fin de la guerre, que Paul arrive enfin à la gare avec l'un des derniers convoi de rapatriés. Il est très amaigrit, porte un uniforme russe rapiécé et peine à reconnaître sa sœur qu'il avait laissé enfant et retrouve jeune fille.
En 1945, après cinq ans de captivité, un million de soldats français emmenés en Allemagne à l'été 40 regagnent la France. Malgré la joie du retour, les retrouvailles sont difficiles avec un pays si éloigné de celui dont ils ont rêvé pendant leur détention et dans lequel il leur faut réapprendre à vivre. La France où les prisonniers de guerre reviennent est bien différente de celle qu'ils ont quittée. Elle est pleine du souvenir des atrocités commises par l'occupant. Elle célèbre les héros de la Résistance et leur part dans la lutte et la victoire sur l'Allemagne nazie. Or, l'image des captifs de 1940 reste associée à la débâcle subie cinq ans plus tôt. Les prisonniers ont été compromis par la politique de Vichy qui les a présentés au pays comme les « enfants chéris » du Maréchal. Il a négocié avec les dirigeants nazis leur retour partiel, puis la « transformation » de certains en travailleurs « libres », contre leur relève par des travailleurs français. La masse des prisonniers, retenus en Allemagne, a été absente par force du combat des résistants. C’est sans doute cette frustration et l’envie de revanche qui poussera Paul à réintégrer au plus vite son régiment et rejoindre ses anciens camarades avec l’armée d’occupation en Allemagne, avec peut-être l'espoir d'y retrouver quelqu'un ...
Avec agrafe "France" pour avoir participé à la bataille de France.
C'est par décret du 21 mai 1946 que fut créée la Médaille Commémorative de la Guerre 1939-1945 afin que tous les combattants aux combats puissent bénéficier d'une marque spécifique de participation à la 2ème Guerre mondiale.
La Médaille commémorative de la Guerre 1939-1945 récompense :
- les militaires affectés à des formations subordonnées soit à une autorité française, soit à un gouvernement français, en état de guerre avec les nations de l'Axe, ou présent à bord des bâtiments de guerre ou de commerce armés par ces gouvernements et autorités ;
- les ressortissants français, citoyens ou non-citoyens, civils ou éventuellement militaires, qui ont lutté contre les forces de l'Axe ou leurs représentants ;
- les militaires étrangers ayant servi à titre français ou étranger dans une formation française en état de guerre avec les puissances de l'Axe.
Les intéressés doivent pouvoir justifier leurs droits au port de la médaille par une pièce faisant ressortir leur titres: livret militaire, extrait de citation, titre de pension...