"Mort pour la FRANCE"


Fidèle à la devise du 3ème RTA " jusqu'à la mort "...

Comme noté sur son acte de décès, Paul est tombé dans une embuscade dans le secteur de Phuoc Hoa sur la route qui va de SAïGON jusqu'à BAN ME THUOT (RC 1.1) Dans ce secteur les routes ne sont pas sures et les convois logistique sont souvent harcelés par des bandes de rebelles Vietmin. C'est pourquoi l'armée Française envoyait systématiquement des petites unités en avant et sur les cotés des convois afin d'ouvrir et sécuriser la route. Ce jour du 2 Mai 1950 c'est la mission qui lui est confié et qu'il rempli au sacrifice de sa vie. Tombé dans une embuscade, ils se trouve encerclé à 12 tirailleurs contre une forte troupe rebelles vietmin, après 45 minutes de combat, l'ennemi les encercle et s'apprête à les submerger. Il donne alors l'ordre à ses hommes de charger l'ennemi "baïonnette au canon" afin de rejoindre le convoi et se sortir du piège qui se refermait sur eux. Lors de la charge, 5 tirailleurs sont blessés mais ils réussissent à arriver au convoi que les rebelles sont entrain d'incendier. Ils défendent alors les camions. Paul tue un rebelle qui tentait de mettre le feu à un véhicule et met un autre en fuite lorsqu'une rafale de mitrailleuse l'atteint au cou et le jette à terre,  il a juste le temps de tendre son arme à un  tirailleur et lui indiquer la direction des tirs qui l'ont atteint mortellement. ses hommes ont protégés son corps et le convoi jusqu’à l'arrivé 10 minutes après sa mort des renforts, permettant aux onze autres tirailleurs de s'en sortir pour certain blessés mais en grande partie sain et sauf.


Une de ses dernières photos prise sur la Route Coloniale 14 en prolongement de la R 1.1 où il perd la vie quelques jours plus tard au km 78 ...


Carte d’état-major, le lieu de l’embuscade est entouré en jaune au km 78 :

carte gracieusement partagée par Mr Norbert LAPORTE
carte gracieusement partagée par Mr Norbert LAPORTE

Photos satellites actuelles situant le lieu précis de l’embuscade :


Récit par son lieutenant louis BOUVET :


Récit de sa fin glorieuse et la reconnaissance de son capitaine KERINEC :

courriers reçus par Mr GUND Alfred son tuteur, celles-ci sont des copies qu'il donna à chacune des sœurs de Paul.


Rapatriement du corps.

le corps de Paul a été inhumé en premier temps au cimetière militaire de Phuoc Hoa, tombe n°28. C'est le 2 mai 1951, un an après sa mort, jour pour jour que son cercueil est rapatrié et rendu à la famille. une chapelle ardente est dressée dans la salle communale de Montbrun-Lauragais.

La plaque commémorative que j'ai restauré et qui maintenant a retrouvé sa place sur le caveau est revenu avec le cercueil, elle était sur sa tombe en Indochine. 



Honneur et reconnaissance ...

Dans la lettre que le Capitaine Kerinec a envoyé à Mr gund, il propose Paul Germa pour la CROIX DE GUERRE et la MÉDAILLE MILITAIRE, mais aucune personne ne se souvenaient qu'il les ait reçu à titre posthume. Aucune médaille n'ayant été remise à la famille lors du rapatriement du corps et de son inhumation au cimetière de Montbrun-lauragais. Après quelques mois de recherche et grâce aux services des archives militaires de PAU et CAEN j'ai pu retracer précisément sa carrière et surtout partager avec toute la famille les honneurs militaires qui lui ont été rendu et dont nous sommes les gardiens du "souvenir".

Fruit des recherches :

J'ai eu l'immense satisfaction de recevoir du centre des archives du personnel militaire de Pau, la copie certifiée conforme du diplôme de Paul GERMA portant concession de la médaille militaire et mentionnant aussi l'attribution de La Croix de guerre avec palmes.
Ce document est une copie signé du chef de centre des archives le document original est concervé aux archives est signé de la main du président de la République Vincent AURIOL
Ce document est une copie signé du chef de centre des archives le document original est concervé aux archives est signé de la main du président de la République Vincent AURIOL
J’ai aussi obtenu le précieux extrait de ses états de service dans l’armée qui m’a beaucoup aidé pour retracer son parcours.

La Médaille Militaire :

 

L'une des décorations les plus prestigieuses au monde, la Médaille Militaire a été créée par l'article 11 du décret du 22 janvier 1852 et organisée par le décret du 29 Février de la même année.

Louis-Napoléon Bonaparte, petit neveu de Napoléon 1er, souhaitait marquer son arrivée au pouvoir par une décoration comme l'avait fait Bonaparte en 1802 mais sans rivaliser avec la Légion d'Honneur.

Destinée à récompenser les généraux, les sous-officiers comme les soldats, cette médaille devait, dans l'esprit du Prince-Président « être le prix des services immenses » rendus par l'Armée à la France et resserrer les liens de la « grande famille militaire » (Allocution du 21 mars 1852). Elle prenait le relais du Médaillon de Vétérance, insigne institué par Louis XV en 1771 pour récompenser soldats et bas officiers ayant servi sans défaillance 24 ans et qui était tombé en désuétude. Le ruban de la nouvelle médaille évoque les couleurs du ruban l'Ordre de la Couronne de fer que Napoléon 1er avait établi en 1805 pour son royaume d'Italie, et qu'il portait à coté de sa Légion d'Honneur. (Pour information le ruban de la Croix de fer était orange bordé de vert mais l'orange ne tenait pas et virait rapidement au jaune)

Pour donner un éclat exceptionnel à la nouvelle médaille, Louis-Napoléon, futur empereur Napoléon III, en décora le 10 mai 1852 deux généraux de division, les comtes Reille et Vaillant, à qui il venait de conférer la dignité de maréchal. Cette disposition qui faisait de la nouvelle une récompense supérieure à la Grand Croix de la Légion d'Honneur fut étendue dès le 13 juin 1852 aux généraux ayant rempli les fonctions de ministres ou exercé des commandements en chef et progressivement aux officiers généraux. Le même insigne décorait donc les plus grands chefs de guerre et les soldats, particularité qui contribua à le rendre populaire.

En 1852 il arrêta les quatre traits caractéristiques de « cette marque individuelle » qu'il allait créer :

- elle prendrait l'aspect d'une médaille 

- elle serait la Médaille Militaire pour couronner la haute vertu militaire

- elle serait distribuée aux soldats, matelots, sous-officiers et assimilés

- elle comporterait d'une part une rente et serait d'autre part la récompense suprême des généraux. 

L'administration de la nouvelle décoration et sa discipline furent confiés à la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur.

C'est dans la cour des Tuileries, le 21 mars 1852, qu’eut lieu la première remise de décoration en présence de Louis-Napoléon BONAPARTE qui prononça l'important discours suivant :

 

« Soldats, en vous donnant pour la première fois la médaille, je tiens à vous faire connaître le but pour lequel je l'ai instituée. Quand on est témoin comme moi de tout ce qu'il y a de dévouement, d'abnégation et de patriotisme dans les rangs de l'armée, on déplore souvent que le gouvernement ait si peu de moyens de reconnaître de si grandes épreuves et de si grands services. L'admirable institution de la Légion d'honneur perdrait tout son prestige si elle n'était renfermée dans certaines limites. Cependant, combien de fois ai-je regretté de voir des soldats et des sous-officiers rentrés dans leurs foyers sans récompense, quoique, par la durée de leurs services, par des blessures, par des actions dignes d'éloges, ils eussent mérité un témoignage de satisfaction de la Patrie ! C'est pour le leur accorder que j'ai institué cette médaille. Elle pourra être donnée à ceux qui se seront rengagés après s'être bien conduits pendant le premier congé ; à ceux qui auront fait quatre campagnes, ou bien à ceux qui auront été blessés ou cités à l'ordre de l'armée. Elle leur assurera cent francs de rente viagère ; c'est peu certainement, mais ce qui est beaucoup, c'est le ruban que vous porterez sur la poitrine et qui dira à vos camarades, à vos familles, à vos concitoyens, que celui qui le porte est un brave. Cette médaille ne vous empêchera pas de prétendre à la croix de la Légion d'honneur, si vous en êtes jugés dignes ; au contraire, elle sera comme un premier degré pour l'obtenir, puisqu'elle vous signalera d'avance à l'attention de vos chefs. Vous ne cumulerez pas les deux traitements, mais vous pourrez porter les deux décorations ; de même, si un sous-officier, caporal ou soldat, auquel aurait été décernée la croix de la Légion d'honneur, vient à se signaler encore, il pourra également être décoré de la médaille. Soldats, cette distinction est bien peu de chose, je le répète, au prix des services immenses qu'ici et en Afrique vous rendez à la France ; mais recevez-la comme un encouragement à maintenir intact cet esprit militaire qui vous honore ; portez-la comme une preuve de ma sollicitude pour vos intérêts, de mon amour pour cette grande famille militaire dont je m'enorgueillis d'être le chef, parce que vous en êtes les glorieux enfants. » 


La Croix de Guerre T.O.E avec palme :

La Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs est une décoration française, conférée aux militaires et aux civils qui ont obtenu, pour fait de guerre, une ou plusieurs citations individuelles au cours d’opérations exécutées sur des théâtres d’opérations extérieurs depuis le 11 novembre 1918. Cette décoration peut également être remise aux unités ayant reçu une ou des citations dans les mêmes conditions.

Suivant la qualité de l'action à récompenser, il existe plusieurs attributs qui sont identiques à ceux de la croix de guerre 1914-1918 :

  • étoile de bronze pour une citation à l’ordre de la brigade, du régiment ou unité assimilée ;
  • étoile d’argent pour une citation à l’ordre de la division ;
  • étoile de vermeil pour une citation à l’ordre du corps d’armée ;
  • palme de bronze en forme de branche de laurier pour une citation à l’ordre de l’armée.

Paul à reçu la croix de guerre avec palme de bronze soit le plus haut grade de cette distinction. Si Paul était revenu vivant de se conflit, il aurait pu prétendre aux deux médailles ci-dessous.


La Médaille Commémorative de la Campagne d'Indochine :

 

Lors des conflits en Indochine, la croix de guerre des TOE récompensait les actions individuelles. L'idée était de créer une médaille qui pouvait à la fois laisser une marque à tous les combattants participant à cette campagne et aussi aux autochtones s'étant battus aux côtés de la France (ce qui n'est pas le cas de la médaille coloniale)

La Médaille commémorative de la Campagne d'Indochine a été créée par le décret du 1er août 1953, en vue d'honorer les combattants de ce conflit douloureux et particulièrement dangereux, qui a mêlé aux risques habituels des rencontres massives, les surprises des fronts mouvants et des incessantes embuscades sous les rigueurs d'un climat éprouvant.

Pour la France, les pertes militaires humaines s'élevèrent, de 1946 à 1955, à 103 200 morts et 84 500 blessés.

Il n'est pas délivré de diplôme et le droit au port de cette décoration se justifie par la possession d'un document administratif attestant de la participation à cette campagne.

Les demandes pour attribution se font auprès du bureau des décorations au ministère de la Défense.

Remarque : les troupes françaises, hormis les autochtones, reçurent aussi pour ce conflit, la Médaille Coloniale avec agrafe "Extrême-Orient". (voir ci-dessous)


La Médaille Coloniale avec agrafe "Extrême-Orient" :

La médaille coloniale est une décoration française créée par l'article 75 de la loi de finances du 26 juillet 1893 pour récompenser « les services militaires dans les colonies, résultants de la participation à des opérations de guerre, dans une colonie ou un pays de protectorat ». Elle n'est plus décernée. Un décret du 6 juin 1962 a modifié l'appellation « coloniale » pour l'appellation « outre-mer ».


Monument aux Morts de MONTBRUN-LAURAGAIS :

Une plaque avec son Nom et la date de sa mort ont été rajouté sur le monument aux morts. Mais que reste-t-il de la mémoire de ces hommes, de leurs histoires, comment ils ont donné leur vie pour les intérêts de la France ou pour que nous puissions vivre libre. Nous leur devons ce devoir de mémoire pour qu'ils ne tombent pas dans l'oubli et qu'il ne reste pas d'eux, que des noms gravés dans la pierre. ( la plaque mériterait un petit nettoyage, chose à laquelle je m’attellerai volontiers avec l'accord de la Mairie.)


Caveau familial où repose Paul Germa :

Après un an de restauration, la plaque commémorative a retrouvé sa place sur le caveau au côté de la plaque émaillée de sa maman. Nous espérons tous que ceci évitera qu’elle ne se retrouve à nouveau dans les poubelles du cimetière. Si vous souhaitez vous rendre sur sa sépulture, vous trouverez ci-dessous son emplacement marqué d’un repère rouge.

Mémorial des guerres en Indochine

Aux Morts de la guerre d'Indochine (1940-1955)

45.000 Indochinois (dont 27.500 dans l'armée française et 17.500 servant sous drapeau national le jour de leur mort) : 15.200 Africains et Nord-Africains, 11.600 Légionnaires, 29.000 Français.

Soit un total de 100.800 morts.

Une pensée pour eux le 8 juin, journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » en Indochine.

... à la mémoire de Paul Germa, ainsi qu’à tous les soldats d’hier et aujourd’hui, tombés en opérations extérieures au service de la France.


Remerciements :

Je tiens à remercier toutes les personnes de la famille qui par les documents, les photos et objets conservés ont permis de retracer le parcours de Paul Germa. Je remercie aussi tout particulièrement le lieutenant-colonel Patrick RONGIER chef du centre des archives du personnel militaire de PAU ainsi que l’adjoint administratif principal de 1ère classe Evelyne CASTANAO qui c’est occupé du dossier. Ont aussi grandement participés aux recherches concernant la période de prisonnier de guerre, le chef du pôle archives des victimes des conflits contemporains de CAEN, Mr Alain ALEXANDRA ainsi que Mlle LEMONNIER qui a suivi l’affaire et Christophe WOEHRLE docteur en histoire contemporaine.

Un grand merci à Norbert Laporte et Jean-Luc Delauve pour leurs précieux documents et une pensée toute particulière à Dominique Féger pour son soutien, je vous recommande son livre:

Pour finir je remercie Mr Jean Poupon, Président du comité du Lauragais, du Souvenir Français pour son aide et son soutien dans mon devoir de mémoire. A travers lui je tiens à  remercier tous les bénévoles de cette association pour le travail de souvenir qu'ils réalisent en entretenant les monuments, les sépultures et la mémoire de tous les soldats morts pour la France.  

Merci à tous, de contribuer à ce devoir de mémoire en ayant parcouru ce site et permis de le partager aux autres membres de la famille et amis. Si vous avez des informations ou documents pouvant contribuer à ce travail, merci de me contacter : 

dubacivan@gmail.com


         « On nous oubliera, le temps inexorable fera son œuvre, les soldats mourront une seconde fois. »

Roland Dorgelès