La Guerre d'Indochine.


La guerre d’Indochine est un conflit armé qui se déroula de 1946 à 1954 en Indochine française (actuels Vietnam, Laos et Cambodge). Il aboutit à la dissolution de cette fédération, ainsi qu’à la sortie de l’Empire colonial français des pays la composant et à la division en deux États rivaux du territoire vietnamien. Ce conflit fit plus de 500 000 victimes. 

En août 1945, le Việt Minh , mouvement indépendantiste vietnamien d'obédience communiste, profitant de la prise de contrôle de l'Indochine par les Japonais, cinq mois auparavant, dans le contexte de la Guerre du Pacifique, prit le pouvoir de la colonie française. Si le Gouvernement provisoire de la République française ne tarda pas à envoyer un Corps expéditionnaire afin de reprendre en main son territoire, la situation se mua rapidement, après novembre 1946, en guerre ouverte entre forces du Việt Minh et Français.

 


Conséquences de la Seconde Guerre mondiale

En 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le conflit avec l’Empire du Japon aboutit à la désorganisation complète de l’administration coloniale française en Indochine. Le Việt Minh, mouvement nationaliste fondé par le Parti communiste indochinois, en profite pour prendre le contrôle d'une grande partie du territoire vietnamien : Hồ Chí Minh, son chef, proclame le 2 septembre 1945 l’indépendance de la République démocratique du Viêt Nam. Le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) reprend progressivement le contrôle de l’Indochine : l’État Français repense ensuite le statut de la fédération au sein de la nouvelle Union française. Un conflit larvé se poursuit avec le gouvernement indépendantiste vietnamien, tandis qu’une solution diplomatique est recherchée en vain (Conférence de Fontainebleau). Le haut commissaire d’Argenlieu suscite en juin 1946 l’autonomie de la Cochinchine ; c’est une entorse aux accords Hô-Sainteny. En novembre 1946 éclate l’affaire d'Haiphong ; ce sont des affrontements liés à un contrôle douanier. Le bombardement du port par l'artillerie de l'Armée de Terre française et ses trop nombreuses victimes civiles rendent la paix impossible. La guerre éclate au grand jour à la fin 1946, quand le Việt Minh tente un coup de force contre les Français puis prend le maquis. Plusieurs années de guérilla opposent alors le Corps expéditionnaire à l’Armée populaire vietnamienne, force armée du Việt Minh, qui passe progressivement à une guerre de mouvement de plus en plus audacieuse. La France fonde en 1949 l’État du Viêt Nam, gouvernement central vietnamien proposant une alternative politique à Hồ Chí Minh, et le dote d'une force militaire, l’Armée nationale vietnamienne, afin de « vietnamiser » le conflit. Le Laos et le Cambodge sont également concernés par le conflit, le Việt Minh soutenant des mouvements indépendantistes moins importants, le Pathet Lao et les Khmers issarak. Les États-Unis apportent à partir de 1949 (victoire communiste en Chine) et surtout 1950 (guerre de Corée) un soutien matériel à la France, tandis que la République populaire de Chine aide officieusement le Việt Minh à partir de 1949.

La France, affaiblie par l’instabilité politique de la Quatrième République, doit gérer une guerre de plus en plus coûteuse et impopulaire. Des pourparlers de paix sont entamés à Genève en 1954, alors même que sa défaite lors de la bataille de Diên Biên Phu met la France en situation de faiblesse psychologique. Les accords de Genève mettent fin à l'Indochine française (le Royaume du Cambodge ayant déjà proclamé son indépendance en novembre 1953) et laissent le Viêt Nam divisé en deux États. La fin de cette guerre coïncide sensiblement avec le début de la guerre d'Algérie, qui durera huit ans elle aussi.


Campagne d'affichage pour le recrutement :


Situation géographique du conflit :


Elle est composée du Laos, du Tonkin, de l'Annam et de la Cochinchine
Indochine Française

Les belligérants :

Union

Française

Le CEFEO (Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient) a été constitué d'unités provenant de l'ensemble de l'Union française, aidé par les forces des états associés d'Indochine. Les soldats coloniaux représentaient une part très importante des effectifs. Entre 1947 et 1954, 122 900 Maghrébins et 60 340 Noirs d'Afrique débarquèrent en Indochine soit 183 240 Africains au total. Le 1er février 1954, ils représentaient 43,5 % des 127 785 hommes des Forces terrestres (autochtones non compris).

De septembre 1945 au cessez-le-feu en juillet 1954, 488 560 hommes et femmes débarquèrent en Indochine :

  • 223467 Français de métropole,
  • 122920 Algériens, Tunisiens ou Marocains,
  • 72 833 Légionnaires,
  • 60 340 Africains
  • 8 000 militaires déjà basés en Indochine en 1945, non rapatriés

Effectifs auquel il faut ajouter le soutien des 150 000 hommes de l'état du Vietnam, resté fidèle à la France.

Drapeau de l'état du Vietnam

contre

Việt Minh

Le Việt Minh, également orthographié Viet-Minh, Viêt-Minh ou Vietminh (contraction de Việt Nam Ðộc Lập Ðồng Minh Hội, en chữ nôm 越南独立同盟會, traduit en français Ligue pour l'indépendance du Viêt Nam ou Front pour l'indépendance du Viêt Nam), était une organisation politique et paramilitaire vietnamienne, créée en 1941 par le Parti communiste vietnamien.

Le Viêt Minh se présentait comme un front commun regroupant des nationalistes de toutes obédiences, et visant à lutter pour l'unité et l'indépendance du Viêt Nam, alors sous contrôle français et composé de deux protectorats (le Tonkin au nord, l'Annam au centre) et d'une colonie (la Cochinchine au sud). En pratique, la direction du Viêt Minh fut toujours nettement dominée par les communistes, dont le principal dirigeant était Hô Chi Minh. L'Armée populaire vietnamienne a été créée par Võ Nguyên Giápen tant que branche armée du Viêt Minh. La ligue fut officiellement rebaptisée en 1951, mais le nom de Viêt Minh demeura d'usage jusqu'à la fin de la guerre d'Indochine pour désigner les indépendantistes et leurs forces armées.

Võ Nguyên Giáp et Hô Chi Minh.



Déroulement de la guerre

La guerre d'Indochine se déroule en deux phases, c'est à la fin de la première que Paul Germa tombera lors d'une mission d'ouverture de route.

Phase 1: la guérilla

 Le 19 décembre 1946 marque le début de la guerre d'Indochine : après le bombardement du port de Haiphong le 23 novembre 1946 par l'artillerie de l'Armée de Terre française, le Việt Minh , dirigé par Hô Chi Minh, décide de lancer une offensive ayant pour but la libération de la ville de Hanoï. À 20 heures, une explosion dans la centrale électrique de la ville annonce le début de l'insurrection. Des ressortissants français sont massacrés et des maisons pillées. Ho Chi Minh appelle tout le peuple vietnamien à se soulever contre la présence française :« […] Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme. »Hô Chi Minh chercha alors le soutien des États-Unis par un télégramme à Harry S. Truman, mais celui-ci tournait le dos à la politique de décolonisation de Roosevelt. L'Union soviétique ne disposait pas encore de l'arme nucléaire, et la Chine restait sous la férule de Tchang Kaï-chek. L’Indochine française de 1946 s'est néanmoins ainsi très vite retrouvée au sein des prémisses de ce qui allait devenir plus tard la guerre froide, et c’est dans ce cadre que les États-Unis ont été, d'une certaine façon, impliqués très tôt en Indochine. Aguerrie dans la guerre du peuple, l’armée populaire vietnamienne se fondait sur la mobilité des dispersions d’évitement et concentrations de frappe pour compenser sa faiblesse matérielle. C’était « le combat du tigre et de l’éléphant » annoncé par Hô Chi Minh : le tigre tapi dans la jungle allait harceler l’éléphant figé qui, peu à peu, se viderait de son sang et mourrait d’épuisement. Cette fluidité permettait à la jeune armée populaire l’initiative du refus ou de l’acceptation des combats, de fixer ici et déplacer là les troupes françaises qui n’occupaient que les villes, les axes routiers, les voies d’eau et la ligne du chemin de fer trans-indochinois. Les pertes françaises devenaient de plus en plus grandes dans les attaques de convois de ravitaillement, de postes isolés et d’épuisantes patrouilles à la recherche d’un ennemi qui apparaissait et disparaissait comme des fantômes. Souvent, l’attaque d’un poste avait pour but la sortie d’une colonne de secours à détruire.

En 1949, la France, voulant créer un contrepoids politique à la République démocratique du Viêt Nam proclamée à Hanoï en 1945 et au Việt Minh , crée à Saïgon un État du Viêt Nam « indépendant » sous la direction de l'empereur Bao Dai ramené à cet effet de son exil de Hong Kong, afin de tenter de transformer une guerre de reconquête coloniale en une guerre civile. L’empereur Bao Dai a signé les accords franco-vietnamiens avec son nom civique « Vinh Thuy » n’engageant que lui-même en tant que citoyen, et non avec son nom dynastique « Bao Dai » qui pouvait engager tout le pays dont il était le souverain. Du point de vue strictement juridique, l’État du Viêt Nam « indépendant » n'a jamais existé, sinon pour la circonstance.

Phase 2: entrée en jeu de la Chine.

 Lorsque le Parti communiste chinois de Mao Zedong prend le contrôle de la Chine continentale, le Kuomintang de Tchang Kaï-chek se réfugiant à Taïwan, la Chine devient un allié de la République démocratique du Viêt Nam et du Việt Minh. Les immenses camps américains du sud de la Chine deviennent des centres de détention, d'armement et d'entrainement des troupes du Việt Minh, qui multiplie les divisions alors que les gouvernements français envoient des renforts au compte-goutte. L’arrivée de Mao Zedong à Pékin met fin à l'isolement diplomatique et militaire du Việt Minh et amplifie la menace communiste ressentie par les États-Unis. La France concède théoriquement à l'État du Viêt Nam une souveraineté en matière de diplomatie, et crée une « armée nationale » sous commandement français et agissant comme force supplétive des forces françaises d'Indochine.

Le conflit au Viêt Nam s'amplifie. La France accorde leur indépendance aux royaumes du Laos et du Cambodge, de la même façon qu'elle l'a accordée au Viêt Nam. Avec l'expérience acquise au combat, l'armée populaire vietnamienne inflige une série de revers aux troupes françaises dans la haute région de Cao Bang et Lang Son (bataille de la RC 4). Le projet initial de « reconquête coloniale » s'est épuisé dans un interminable enlisement, a entraîné une grande lassitude dans l'armée française d'Indochine et dans le gouvernement français, ainsi qu'une opposition croissante de l'opinion publique française à une guerre dont les enjeux étaient de moins en moins clairs, dès lors que le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge étaient, au moins en théorie, devenus indépendants, et que la « reconquête coloniale » n'était donc plus à l'ordre du jour.

En octobre 1950, le Việt Minh lance l'offensive dans le nord-est du Vietnam ; c'est la terrible défaite française de la Route coloniale No 4 (RC 4) dans les calcaires de Dong Khé, où l'armée française perd 7 000 hommes, tués, disparus et prisonniers, et une énorme quantité de matériel. La Guerre d'Indochine a en fait été perdue en octobre 1950, car les troupes françaises évacuèrent toute la région bordant la frontière chinoise et ne contrôlèrent plus au Tonkin que le delta du fleuve Rouge et quelques gros postes. La panique s'empara alors du gouvernement français à Paris. Le général de Lattre de Tassigny est envoyé en Indochine pour redresser la situation mais doit immédiatement faire face à des offensives Việt Minh. Il parvient à vaincre trois fois ses ennemis, notamment aux batailles de Vinh yen et de Mao khê, écartant définitivement toute menace sur Hanoï, mais ne peut les anéantir. Ayant assuré la construction d'une ligne de défense, de Lattre commence à chasser les Việt Minh du delta du Fleuve Rouge et décide de lancer une contre-offensive dans la région de Hoa Binh, qu'il pense pouvoir être décisive mais, atteint d'un cancer de la hanche, il doit repartir pour la France. Sous l'égide de son successeur Raoul Salan, cette offensive, concluante au début (Giap échoue lors de la bataille de Na San, un camp fortifié français sur la route Hanoi-Dien Bien Phu que Giap essayait de couper), s'épuise d'elle-même (Hoa Binh doit être évacué en catastrophe) et doit être arrêtée sans résultat décisif. En France, de Lattre, qui doit défendre son projet d'envoyer des renforts en Extrême-Orient, voit sa santé se dégrader et meurt en janvier 1952.

En 1952, l’armée populaire vietnamienne lance des attaques contre les fortins de la « Ligne de Lattre » derrière laquelle se sont retranchées les troupes françaises. Tout en continuant les coups de main et les embuscades, l’armée populaire se retire pour se préparer à des opérations sur une plus grande échelle. Le général Dwight Eisenhower devient président des États-Unis, il est le premier à avancer la « théorie des dominos », et continue à soutenir la défense de l'Indochine contre le communisme. De son côté, la menace sur les centres importants étant écartée, le général Salan entreprend de prendre l'initiative. Il lance une série d'offensives, et ne connait guère de défaites tactiques, mais le CEF doit systématiquement se replier faute de moyens et d'avoir pu porter un coup décisif.

Le général Navarre rapporte au gouvernement français qu’il n’y a pas de possibilité d’une victoire militaire étant donnée la faiblesse des moyens du CEF, mais promet une grande offensive avec l’opération « Castor », qui consiste à occuper l’ancienne piste d’aviation japonaise de Dien Bien Phu pour verrouiller le passage au Laos de l’armée populaire, opération militaire qui avait pour but politique de permettre à la France de négocier à Genève la fin de la guerre en position de force. En dépit de l'héroïsme dont font preuve le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient et l’Armée nationale vietnamienne, la bataille de Dien Bien Phu est perdue en 57 jours. Les combats continuent avec intensité pendant trois mois. Le nouveau gouvernement, dirigé par Mendès France promet alors de conclure les accords de Genève au plus tard au mois de juillet 1954, ce qui advient le 22 juillet 1954.


Sortie de guerre :

Les accords de Genève du 24 juillet 1954 reconnaissent l'indépendance du Laos, du Cambodge et le partage temporaire du Viêt Nam en deux zones de regroupement militaire (l'Armée populaire vietnamienne au Nord du 17eparallèle, et le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient au Sud de cette zone de démarcation militaire). La souveraineté de la République démocratique du Viêt Nam était reconnue par ces accords au nord du 17e parallèle, celle de l'État du Viêt Namsous administration franco-vietnamienne au sud de ce parallèle, et la réunification entre les deux zones était envisagée pour 1956, après référendum. Une Commission Internationale de Contrôle (CIC) avait été créée pour surveiller l'application des accords d'armistice. Elle était constituée par le Canada, la Pologne et l'Inde. Les derniers soldats français quittèrent Saïgon vers le 10 janvier 1957. En décembre 1955, déjà 85 % des effectifs des soldats de l'Union Française étaient rentrés en métropole. Ils furent progressivement remplacés par des conseillers militaires américains qui formaient l'armée de la république du Sud Vietnam, conséquences dans l'avenir du Viêt Nam, du Laos et du Cambodge. Le départ des Français laissera face à face, d’un côté, les Américains et de l’autre, les Nord-vietnamiens soutenus par la Chine et l'URSS. Très tôt allait éclater la Seconde Guerre d'Indochine (soit la Guerre du Viêt Nam), qui débouchait, en 1975, sur la victoire complète du Nord-Viêt Nam et du communisme dans cette partie de l'Asie, avec l'absorption par le Nord-Viêt Nam de la République du Viêt Nam.

Courte vidéo, résumant la guerre d’Indochine.


Le 2ème Bataillon de Marche du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens en Indochine

insigne du 3ème RTA en Indochine
insigne du 3ème RTA en Indochine

Le bataillon avec lequel Paul est parti a été Constitué à Bône (Algérie), le 1er mai 1949, le 2e bataillon de marche du 3e RTA (2e BM/3e RTA) débarque en Cochinchine (sud Indochine) le 3 juillet 1949. Rapatrié sur l’Algérie en mars 1955, il est dissous à son retour à Bône, le 6 avril 1955. 


Ses missions :

Cochinchine, 3 juillet 1949 à décembre 1953 :

A son débarquement en Cochinchine, le 3 juillet 1949, le 2e BM/3e RTA relève le BM 7e RTA dans le secteur de Thu Dau Mot et prend la responsabilité du sous-secteur du Song Be, au nord de Thu Dau Mot.

Durant quatre ans, il assure la sécurité des axes et la pacification de cette vaste zone. Il intervient dans toute sa zone de responsabilité entre la rivière de Saigon et la route coloniale n° 1 (Saigon, Hanoi via l’Annam), jusqu’à la frontière avec le Cambodge. 

Laos, janvier 1954 à avril mars 1955 :

Le bataillon rejoint le Laos au début janvier 1954 et participe à la défense de la base de SENO. Du 18 février au 15 mai 1954, il est engagé dans une vaste opération de recherche du contact et de réimplantation au Moyen Laos. Parti de SENO avec le groupe mobile n° 2 (GM 2), il arrive à Thakhek le 19 février. Un premier accrochage sérieux a lieu le 4 mars au sud de Ban Kavak. Il est suivi de nombreux autres du 8 au 15 mars. Du 18 mars au 24 avril, il mène des actions contre le régiment 18 dans la zone de Ban Na Louang, Ban Na Poung, Ban Sa Ang, Ban Na Pang. Il est regroupé le 25 avril 1954 dans la cuvette de Ban Pha Nop avec les autres unités participant à l’opération et y installe un dispositif défensif. Il reste dans cette cuvette jusqu’au 3 juin 1954. Le 3 mai 1954, il intervient au profit du 1/3e RTM qui tient le poste de Ban Na Phao et appelle à l’aide. Le 4 juin 1954, avec le GM 2 il exécute le repli de sa position en direction de SENO, atteint le 12 juin. Le bataillon stationne à SENO jusqu’à son rapatriement sur l’Algérie, en mars 1955.

 

Citation à l'ordre de l'armée du 2e BM du 3e RTA :

« Magnifique bataillon qui, depuis son arrivée en Indochine aux ordres du chef de bataillon Chaix, puis du capitaine Billet, n’a cessé de donner des preuves de sa valeur et d’obtenir de remarquables résultats.

Ayant reçu en août 1949 la mission de créer le sous-secteur de Song Be (province de Thudaumot au Sud-Vietnam) a assumé cette lourde charge en mettant rapidement en place l’infrastructure de ce nouveau territoire et en entamant la lutte contre les rebelles cherchant à contrôler le pays Moï, permettant ainsi de maintenir un trafic important sur la route de Thudaumot à Ban Me Thuot malgré les sabotages et les attaques dont elle a été l’objet. Participant à la plupart des actions engagées contre les bases rebelles du Mada et de la zone de guerre au sud de Phuoc Hoa, le 2e bataillon du 3e RTA a, en outre, pacifié une immense région s’étendant jusqu’à Nuibara à la frontière du Cambodge. Malgré les pertes et les fatigues, accomplissant avec un cran et une ténacité remarquables des tâches dangereuses et souvent obscures contre un adversaire mordant mais insaisissable dans les forêts, les cadres et les tirailleurs du 2/3e RTA ont réussi à lui infliger de lourdes pertes en personnel et en destructions de toute nature, les payant du sang de 31 tués, de 124 blessés et de la mort du commandant Chaix tombé glorieusement au combat le 1er avril 1951. » (Ordre du 4 octobre 1951) 


Paul Germa en Indochine :

Le 09/01/1950 il embarque à Marseille sur le SS PASTEUR.

le SS Pasteur effectue son premier trajet vers l 'Indochine: Marseille - Saïgon (Cap St-Jacques), en octobre 1945. Il a à son bord 4 700 hommes de la 9e DIC et 500 hommes d'équipages. Jusqu'en février 1956, il relie les ports de Marseille ou Toulon à ceux de Saïgon, Tourane ou Haiphong. La durée des trajets est de 15 jours pour Saïgon et 20 jours pour Haiphong. Le navire effectue également des missions  sur Casablanca,  Dakar, Madagascar, Alger et Oran. Démobilisé le 7 juillet 1956 le trooper a à son actif 750 000 passagers militaires et 1 250 000 milles parcourus. Au passage, il a obtenu la Croix de guerre 1939-1945 le 6 octobre 1947 et la Croix de guerre des TOE le 28 janvier 1952.

Paul débarque à SAÏGON le 29/01/1950 où il est affecté le 09/02/1950 au 2ème Bataillon de marche du 3ème Régiment de Tirailleurs Algériens. Le 15/02/1950 il rejoint la 6ème compagnie du 2/3RTA ou il sera chargé de protéger les convois notamment sur la route coloniale n° 1.1 et n°14.

 

cliquez pour en savoir plus sur le Pasteur.
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Les missions d’ouverture de routes

À partir de 1947, le corps expéditionnaire français s’efforce de s’appuyer sur les méthodes traditionnelles de pacification dans la lutte contre l’insurrection Viêt-minh. Le commandement français tente de répondre aux méthodes employées par l’adversaire en mettant à l’œuvre la politique de pacification, un procédé qui n’est pas nouveau dans l’armée française et qui renvoi à son long passé colonial. Dans le vocabulaire militaire, la pacification repose sur une série de mesures qui cherchent à établir (ou rétablir) l’ordre et la sécurité dans la région où l’autorité française est remise en cause par des groupes de « rebelles » ou « insurgés » contestant la souveraineté de la métropole. La protection armée des populations est, croit-on alors, une réponse à la menace et permet de surcroît un rapprochement avec les autochtones. Le contrôle de ceux-ci, facilite l’acquisition de renseignements tout en favorisant leur essor économique et en leur offrant une amélioration sanitaire et sociale. La pacification impose tout d’abord d’assurer la liberté de circulation du corps expéditionnaire français en extrême orient (CEFEO) et donc le maintien des communications essentielles. Le contrôle de ces dernières, passe par la mise en place d’un dispositif garantissant la sécurité des axes routiers et fluviaux principaux qui se matérialise en premier chef par l’édification d’un chapelet de tours et de postes le long des itinéraires, puis par des missions d’ouverture de routes afin d’assurer la sécurité des convois civils et militaires entre chaque poste. C’est la 61ème compagnie de circulation routière (61ème CCR) qui a la lourde tâche d’assurer l’organisation des convois. Son   activité principale est le contrôle et la régulation de la circulation civile et militaire du Sud de l'Indochine : autour de Saïgon vers Ban Me Thuot, Dalat et My-Tho et autour de Phnom Penh vers Kampot, Siem Riep, Kompong Cham, Phu Lam et Kompong Luong et aussi le guidage, la défense et la sûreté des convois. Mais elle va assurer aussi des missions de reconnaissances, surveillance, informations pour le commandement, fléchage, service des gares routières, patrouille en ville, piquets d'honneurs et escortes.  C’est aussi dans cette région que le 2ème bataillon de marche du 3ème RTA a pour mission d’assurer la pacification des populations, il est donc souvent sollicité afin d’assurer les missions d’ouverture de route en avant et sur les côtés des convois en renfort de la 61 CCR. Hormis les pièges et les dégradations de la route, le grand danger auquel sont exposés les convois reste les embuscades, soudaines et imprévisibles, visant à incendier les véhicules et tuer le personnel civil et militaire. 

Organisation des convois

Le convoi routier est la forme habituelle des transports en Indochine, il est assuré par l'arme du train. Le réseau routier en Indochine est peu développé. Malheureusement faute de moyens, ce réseau est tronçonné par des zones rebelles et nos troupes n'occupent que les grands centres qui doivent être ravitaillés. Les convois routiers en Indochine posent de gros problèmes de sécurité, car ils sont liés sans possibilités de s'en écarter a des routes souvent très étroites et bordées par la rizière, la jungle ou la forêt.  Sa formation, sa date et l’heure de départ reste secrète mais il est très difficile de dissimuler son mouvement. Son chargement est d'une importance vitale pour nos troupes mais aussi pour notre adversaire qui lui aussi a des problèmes de ravitaillement et une pénurie d'équipement. Le convoi en Indochine due à sa formation linéaire sur des routes très étroites le rend très vulnérable aux embuscades et est impropre au combat. Sa défense propre nécessitée des moyens de protection très importants qui ne sont pas disponibles. Afin de palier à ce manque de moyens, la protection des convois s'adapte en une protection d'itinéraires fait en trois phases :

 

1) sûreté éloignée, par la pacification des territoires et recherches et destruction de l'ennemi.

2) sûreté rapprochée, installation de tours de garde et postes jalonnant nos itinéraires, débroussaillage des alentours des routes et ouverture de l'itinéraire par des patrouilles d'infanterie (rôle de Paul, le jour de sa mort) ou de Blindés (5ème régiment de cuirassiers) avec une mise en place d'éléments d'intervention.

3) sûreté immédiate, protection du convoi par une escorte armée.

 

La majorité des convois en Indochine sont des convois mixtes comprenant des véhicules de toutes Armes et des véhicules civils. Le convoi est constitué en rames qui ne devait pas dépasser 20 véhicules par rame.  Le nombre de rame dépendra de l'importance du convoi.  Le convoi se voit attribuer un poste de circulation des CCR pour son guidage, contrôle et sécurité, une escorte blindée et une escorte d'infanterie, un élément de dépannage et bien sûr l'élément de commandement avec un Officier du train ou d'une arme motorisée.  

Plan d’organisation d’un convoi type:

Les embuscades

Les embuscades étaient fréquentes sur les convois et malgré des escortes, elles étaient souvent très meurtrières. Les tactiques ont évolué pour accroître la protection des convois mais la meilleure défense était la pacification des zones, rôle du 2ème bataillon de marche du 3ème régiment de tirailleurs Algériens.

 

 

Extrait du Journal de marche de la 61e CCR gracieusement fourni par le Musée du Train et des Équipages Militaires :

 

Année 1949

Les embuscades contre les camions et les cars sont presque devenus quotidiennes, les véhicules capturés après avoir été pillés, sont incendiés. Les convois sont également harcelés et le nombre des victimes est important. De plus à chaque passage des convois, les routes se dégradent de plus en plus et les ponts sont souvent en mauvais état. Le convoi dit « opérationnel » mis au point fin 1949, est une véritable opération interarmes qui met en œuvre toutes les unités disponibles : tirailleurs, légionnaires, parachutistes, blindés, génie, artillerie, train, pour assurer la sécurité de la colonne automobile. En cas d'arrêt, tout les véhicules doivent se serrer à droite pour laisser le passage libre aux véhicules de combat et de renfort.

Les garnisons des postes, tout au long de l'itinéraire, assurent la protection rapprochée et statique du convoi avant et pendant son passage ; Les rames quittent la gare de départ toutes les dix minutes environ.

 

Année 1950

L'action rebelle contre les voies de communication s'intensifie et s'étend sur le territoire. Les embuscades dont sont victimes les unités du Train sont multiples.

Le 30 mars 1950, c'est au tour du convoi de Dalat d'être attaqué par environ 1000 rebelles sur 25 kilomètres, entre les P.K. 64 et 89. Les Viet Minh restent maîtres de la route jusque vers 15 heures. On compte alors 22 véhicules brûlés dont 1 militaire, 10 tués ou disparus, 3 blessés. Cette année se déroule avec les mêmes incidents que l'année 1949 : embuscades, agressions de convois isolés, pillés et incendiés.

 

Photos de l’embuscade du 30 janvier 1951 du convoi de BAN-ME -THUOT, dans le secteur de Phu oc Hoa au km 72 de la R1.1, soit à 6 km du lieu précis où Paul a perdu la vie moins d’un an plus tôt :


Photos de Paul Germa, prises lors des missions de protection de convois

Paul à gauche avec ses camarades devant un des camions du convoi.
Paul à gauche avec ses camarades devant un des camions du convoi.
Paul à droite. On peut voir ici, la difficulté pour protéger les convois vu la densité du biotope.
Paul à droite. On peut voir ici, la difficulté pour protéger les convois vu la densité du biotope.
Paul, au centre, en tête de convoi. Le danger peut surgir a tout moment ...
Paul, au centre, en tête de convoi. Le danger peut surgir a tout moment ...
pause déjeuné.
pause déjeuné.
pause déjeuné. (l'arme n'est jamais très loin)
pause déjeuné. (l'arme n'est jamais très loin)

Sur ces photos on distingue très bien son arme de service: Un Pistolet mitrailleur MAS 38.

Cliquez sur la photo pour accéder aux détails techniques de l'arme.

Paul, devant des maisons typiques des villages locaux
Paul, devant des maisons typiques des villages locaux
Auto-mitrailleuse Coventry MK1 en tête de convoi.
Auto-mitrailleuse Coventry MK1 en tête de convoi.
Un des officiers de Paul devant une auto-mitrailleuse Coventry MK1
Un des officiers de Paul devant une auto-mitrailleuse Coventry MK1

Le COVENTRY MK 1 du 5ème Régiment de Cuirassiers.

 Sur les photos prises par Paul on peut apercevoir une automitrailleuse d'origine britannique, le COVENTRY. C'est un véhicule lourd et fragile.

Il existe deux versions :
Le Mk I avec tourelle triplace armée d'un canon de 40mm et une mitrailleuse coaxiale.
Le Mk II avec tourelle biplace armée d'un canon de 75 mm.
Un total de 220 véhicules ont été produits entre 1944 et 1945.
40 exemplaires de la version Mk I ont été livrés à la France et ont équipé deux escadrons de spahis tunisiens (35 engins), 5 engins restant en France. En octobre 1947, les engins des spahis sont transférés en Indochine et affectés au 5e Cuirassiers. Ils serviront en Indochine jusqu'en 1952. 

Quelques noms et immatriculations au 5e RC :

NEERVINDEN, IC90282 NANGIS, NAPLOUSE  2e Escadron IC90139 PEGASE,  IC90146  DUCHESSE,  IC30150 AIGLE,  IC90151 NIMEGUE,   IC90171 DRAGON,  EPERVIER,  PHENIX. Sur la photo il s'agit du RANELAGH mais l'immatriculation est illisible.

 Caractéristiques techniques :

Longueur : 4,74 m. Largeur : 2,67 m. Hauteur : 2,36 m 
Armement : 1 canon de 40 mm (80 obus), 1 mitrailleuse Besa de 7,92 mm

Blindage : 14 mm 
Equipage : 4 hommes 
Poids : 11,5 t. 
Moteur : Engine Hercules RXLD 6-cyl. Essence
Puissance : 175 CV
Autonomie : 400 km
Vitesse : 68 km/h.


Le 5ème Régiment de Cuirassiers en Indochine :

Régiment de reconnaissance placé sous le commandement du colonel Buron, le 5e Cuirassiers (RC) est recréé en 1945. Sans ses matériels blindés, qu'il percevra en Indochine, il embarque début janvier sur le SS "Pasteur" et arrive à Saïgon le 2 février 1946. Il est constitué d'un Escadron Hors Rangs (EHR) et de trois escadrons de combat commandés respectivement par les capitaines Keller, Bellier et Léonardi. Chaque escadron perçoit le matériel, laissé sur place par les anglais, pour armer deux pelotons lourds équipés d'auto-Mitrailleuses (AM ) Coventry et deux pelotons "légers" de scout-cars Humber.

 

Les missions qui sont confiées au régiment peuvent être classées en deux catégories, la période des grands raids puis celle de la stabilité territoriale:

A partir de 1946, la période de reconquête, après le coup de force des japonais du 9 mars 1945 où les unités françaises d'abord repliées dans la jungle vont, dès l'arrivée du général Leclerc en Indochine, reprendre le contrôle du territoire. Engagé dès le lendemain de son arrivée, à pied et sans avoir encore perçu son matériel blindé, le 5e RC au complet participe à une vaste opération,Dès la perception du matériel blindé, chaque escadron, au sein d'un groupement opérationnel, va combattre pour la libération du Cambodge, du Laos, du Sud-Vietnam et de l'Annam.

A partir de 1947, tout en conservant son rôle de régiment de reconnaissance lors des opérations inter-armes, le régiment va connaître une certaine stabilité géographique en recevant une responsabilité territoriale dans la zone Est du Sud-Vietnam où il s'emploiera à la sécurisation de sa zone et à sa pacification avant que la dégradation des relations avec le Viet-minh ne redonne la priorité aux combats. Certaines de ces missions sont assurés en symbiose avec le 2ème Bataillon de marche du 3ème RTA, le 5ème RC (la cavalerie blindée légère) ainsi que la 61éme compagnie de circulation routière.

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